jeudi 4 mars 2010

SANITAIRES : Idéal Standard va investir dans son usine de Dole (39)

Idéal Standard dispose à Dole d′une usine spécialisée dans la porcelaine pour sanitaires. Malgré des mesures de chômage partiel, cette usine positionnée sur les moyennes séries sera confortée sur ce segment spécifique, dans le cadre d′un plan dévoilé par le groupe pour ses 14 usines de céramique en Europe. Actuellement, les employés coulent manuellement la moitié des 2.000 pièces réalisées quotidiennement dans des moules en plâtre. D′ici deux ou trois ans, l′installation de nouvelles presses devrait permettre d′automatiser 80% de la production du site, générant de considérables gains de temps. Les opérations d′émaillage seront également robotisées pour améliorer la compétitivité. Par ailleurs, les pièces actuellement fabriquées ′sont faites à partir de pâte vitrifiée, or il y a de plus en plus de demande pour le grès, [qui sera développé] également à Dole. Les tests sont en cours, d′ici 6 mois on devrait être prêts′, explique Paul Janson, le DRH France.

Idéal Standard et Jacob Delafon : chaud et froid sur la céramique. Malgré une forte baisse d'activité, les directions des deux usines assurent que l'emploi sera maintenu. Idéal Standard annonce même des investissements.


Du 3 au 22 mars, l’usine Ideal Standard à Dole va éteindre ses fours. Jusqu’au 6 avril, le site tournera ensuite au ralenti. Des mesures de chômage partiel annoncées au cours d’un comité d’établissement qui se déroulait mercredi 17 février afin, explique la direction, d’adapter la production à la demande. « En 2009, le chiffre d’affaires a chuté de 25 à 30 % par rapport à 2008. Ça ne baisse plus, mais on ne constate pas non plus de reprise. Les commandes sont au même niveau qu’en 2009 où nous avions déjà, à même époque, eu recours à du chômage partiel », souligne Paul Janson. Le DRH France ajoute que Dole, en raison de son positionnement sur le marché moyen et haut de gamme, souffre plus encore du ralentissement de l’activité économique que Revins, qui fait davantage de grandes séries et ne devrait subir que onze jours de chômage partiel.
Du côté du personnel, on ne cherche pas à dresser un procès d’intention. « C’est dur. Je n’imagine pas qu’ils se cachent derrière la conjoncture pour gagner un peu plus d’argent. Je pense qu’on est réellement touchés par la crise et que les prévisions de vente ne sont pas bonnes », confie Patrice Pommier, délégué central CGT. Le dialogue social est d’ailleurs facilité par la signature d’un accord APLD (activité partielle longue durée) qui permet aux 220 salariés, malgré l’arrêt de l’usine, de toucher la quasi-totalité de leur rémunération. L’entreprise s’engage à mettre en œuvre des mesures de formation. Surtout, le document valable jusque fin 2010 lui interdit tout licenciement économique. « On pense qu’en 2011, ça repartira. On ne touche pas à l’effectif de manière à conserver nos compétences », explique Paul Janson.
Concurrence interne
Comme leurs collègues d’Ideal Standard, les ouvriers de l’usine Jacob Delafon à Damparis constatent la baisse de leur activité. Ils ont d’ailleurs, au cours de la semaine dernière, temporairement cessé le travail. Leurs revendications portaient sur les salaires. Ils demandaient aussi des assurances sur la pérennité de leurs emplois. « Le taux de gréviste était plus proche de 30 % que des 70 % qu’ils revendiquaient », souligne Pierre Ancey, directeur du site, pour qui la CGT a surtout voulu adresser un message fort dans la perspective des négociations salariales qui doivent avoir lieu prochainement. Il juge toutefois la manière « un peu disproportionnée ». Il rappelle que, malgré la baisse de charge, le personnel a jusqu’à présent échappé à toute mesure de chômage partiel. L’usine a même fait appel à six intérimaires. C’est, dit-il, « la preuve de la bonne gestion du site et de la solidité du groupe ».
Le directeur d’usine, qui emploie 228 personnes, évoque une réflexion au sein du groupe sur la nécessaire évolution de son outil de production, mais assure que, à l’heure actuelle, il n’y a pas lieu de craindre pour l’activité de l’usine de Belvoye. « Kohler, dit-il, est un groupe familial, qui garde un ancrage industriel fort ».
Ce discours ne suffit toutefois pas à rassurer complètement des ouvriers qui craignent que ne subsiste à Damparis que la mise au point de produits dont la fabrication serait assurée dans des pays où les coûts de fabrication sont moins élevés.
Une concurrence interne à laquelle l’usine Idéal Standard n’échappe pas. « On nous confie des productions que les autres ne savent pas faire. Mais c’est un discours qui n’est pas très encourageant car le jour où ils auront augmenté leurs capacités de production ou acquis le savoir-faire nécessaire, on sait qu’ils sont deux à trois fois moins cher que nous », s’inquiète Patrice Pommier, qui ajoute : « S’il n’y a pas d’investissements pour renforcer notre compétitivité, je me demande à quoi ça sert de faire cinq semaines de chômage ».
Robotisation
« Le personnel attend des signes tangibles ; ce qui est tout à fait normal », commente Paul Janson. Le DRH d’Ideal Standard France évoque toutefois des motifs d’optimisme : « En novembre dernier, les dirigeants du groupe ont exposé en Comité central d’entreprise une stratégie industrielle pour les quatorze usines de céramique en Europe. En Bulgarie et République Tchèque, elles font de la grande série. Revins produit des petites séries. Enfin, il y a des usines où on est plutôt dans des moyennes séries. C’est le cas de Dole. Ce plan prévoit son maintien et son évolution sur cette position spécifique. On a donc un avenir qui est tracé ; à nous maintenant de le saisir ». Aujourd’hui, une moitié environ des 2000 pièces quotidiennes est coulée manuellement dans des moules en plâtres. L’installation de presses devrait, d’ici deux ou trois ans, permettre d’automatiser 80 % de la production du site, avec, à la clé, de conséquentes économies de temps.
Les gains de compétitivité passent aussi par la robotisation des opérations d’émaillage. Une modernisation de l’outil de production qui ne devrait pas entraîner de suppressions de postes : « On supporte des frais fixes importants ; ce qui amène à faire le choix de faire plus de volume, avec un nombre identique de personnes ». Paul Janson souligne aussi le développement de produits nouveaux : « Actuellement, les pièces qu’on fabrique sont faites à partir de pâte vitrifiée, or il y a de plus en plus de demande pour le grès, qu’on va développer également à Dole. Les tests sont en cours ; d’ici six mois, on devrait être prêts ».
Compétence
Idéal Standard est, en novembre 2007, entré dans le giron d’un fonds d’investissement, Bain Capital Partners. Selon le mode de management à l’américaine, l’information interne passe par des bulletins que les responsables d’équipes lisent et affichent. Les décisions concernant les futurs investissements sur le site de Dole ont ainsi été communiquées à l’ensemble du personnel. Pour le responsable des ressources humaines, elles montrent que « l’usine possède une compétence métier qui est reconnue dans le groupe ».