mercredi 29 mai 2013

Porcher : la tour démolie par étapes

REVIN (Ardennes). Une page s'est presque tournée. Symbole du passé industriel Porcher puis Ideal Standard, la tour a subi les premiers coups de cisaille, hier matin. L'ensemble de la structure devrait être détruit d'ici la fin de la semaine.

Datant vraisemblablement des années 1950, elle se faisait vieille et était même perçue comme une verrue par des habitants. Symbole d'un pan de l'histoire industrielle de la Ville, la tour Porcher va être détruite. Par petits bouts.

Mardi, il ne s'agissait, en effet, que d'une entrée en matière. « C'est une méthode par grignotage qui est plus douce que l'abattage », faisait remarquer Aurélien Jeandel, de l'entreprise Ferrari, en charge du chantier de réhabilitation, qui a démarré en septembre 2012.

Parmi la trentaine de personnes réunies (*) sur le site sécurisé par le coordinateur Stéphane Colombet, le constat renvoie à ce sentiment d'abandon : aucun ancien salarié n'était présent. Sans doute, la blessure de la fermeture d'Ideal Standard en 2011 est encore trop vive. Seul Michel Reneaux, dont le grand-père a travaillé chez Porcher en tant que directeur du secteur céramique à partir de 1918, est venu témoigner de cette époque : « Pour moi, c'est toute ma jeunesse. Je connais la tour depuis 67 ans alors pour moi, c'est quand même un pincement au cœur ».

Vers 11 h 20, la pelle à cisaille s'est mise en branle. La méthode est presque chirurgicale. À trente mètres du sol, la charpente métallique du local technique n'a pas résisté à ses assauts, partie en lambeaux. « Aujourd'hui est un jour particulier car c'est une tour symbolique que l'on voit de loin », relève le président d'Ideal Standard industries France Benoît Marsaud.

Le reste suivra dans les prochains jours. Le moment le plus émouvant sera d'ailleurs, certainement, la disparition de l'inscription Porcher.

« Un pincement au cœur »

En attendant, ce fut l'occasion de faire le point sur ce chantier de réhabilitation, très encadré par les services de l'Etat et plus particulièrement de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Champagne-Ardenne (Dreal).

Des travaux effectués dans le respect de la loi et des règles, répondant notamment à ce principe : « Tout ce qui ne peut pas être utilisé est détruit », comme le souligne Mme Avril, chef de l'unité territoriale de la Dreal Ardennes.

La partie expédition, bureau, local publicitaire, le box face à la cour à charbon, les magasins des Terres et la salle de pesée, par exemple n'existent plus. « Nous avons procédé au désamiantage et curage. Le traitement des matières polluées a été effectué en toute transparence avec une traçabilité pour les types de déchets », indiquait Aurélien Jeandel.

La fin de réhabilitation du site étant prévue pour septembre 2013. Dans le même temps, les services de l'Etat espèrent une concrétisation de l'acte de cession du site pour l'euro symbolique à la ville de Revin.

Les bâtiments d'une surface totale de 20 000 m2 auxquels s'ajoutent 12 000 m2 en sous-sol seront ensuite prêts pour être réutilisés, réindustrialisés.

Céline SOUHAMI