jeudi 1 mars 2012

Ideal Standard / La bataille de l'amiante est engagée | L'Union

REVIN (Ardennes). Colère des élus du CHSCT contre la direction d'Ideal Standard, qui leur interdit l'accès de l'usine. Pour les salariés, c'est une punition, après avoir trouvé des traces d'amiante dans l'ancien hôtel de l'usine.

La famille Porcher était réunie devant les grilles de l'usine pour dénoncer les manœuvres de la direction à l'encontre du CHSCT

DE l'amiante, il y en a. Des élus du CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) d'Ideal Standard ont récemment découvert des éléments tressés* potentiellement amiantés dans ce qu'ils appellent l'ancien hôtel, au-dessus du bâtiment administratif, là où autrefois logeaient des ouvriers. Et ils l'ont fait savoir : à l'inspection du travail, à la Carsat, à la Dreal et ont mandaté leur propre cabinet d'expertise.
Sauf que, suite à leur alerte, les tresses auraient mystérieusement disparu. « Force est de constater que des interventions de retrait de produits amiantés ont été réalisées, de façon sauvage, sans information préalable et non encadrées, présumant de potentielles expositions des individus mais aussi la possibilité de pollution des lieux par la remise en suspension de poussières dangereuses », relate Régis Depaix, représentant syndical central et secrétaire du CHSCT.
Et voilà que vendredi dernier, la direction, prenant comme argument la présence d'amiante, décide d'interdire l'accès à leur local de l'usine, leur louant à la place, une chambre au François-Ier.


D'autres produits toxiques



Colère des salariés, qui estiment qu'il s'agit d'un faux prétexte. « Notre local se trouve dans le même bâtiment que le gardien, et la secrétaire, qui eux, sont toujours présents sur le site », s'indigne Régis Depaix.

Pour dénoncer le paradoxe de cette situation et refuser leur déménagement du site, ils ont ainsi organisé un rassemblement symbolique devant les grilles de l'usine, lundi après-midi.

« Dernièrement, il y a eu un comité d'entreprise extraordinaire avec à l'ordre du jour, la fermeture du site pour permettre la mise en œuvre des opérations de désamiantage. L'employeur reconnaît qu'il y a de l'amiante certes, mais les travaux de désamiantage ne peuvent commencer que s'il y a un plan de retrait établi. Or, il n'y en a aucun », déclare Régis Depaix.

Et de l'amiante, les membres du CHSCT en auraient constaté également au niveau du four électrique n°4 monté pourtant en 2000, soit trois ans après la loi interdisant l'amiante. Sans parler des autres produits dits « CMR », cancérogènes ou mutagènes ou toxiques pour la reproduction, tels que le plomb, le cobalt, le titane,…

«Il y en a dans la tour ''fondage'' appelée à être détruite », atteste Dominique, membre du CE et délégué du personnel, et de s'inquiéter : « Tout ce qu'il y avait dedans a été enlevé. Mais il reste des poussières résiduelles ».



« On dérange »


Les élus du CHSCT ont dû transformer cette chambre d'hôtel en bureau d'appoint, trop petit pour accueillir tous les délégués


En attendant, les élus du CHSCT ne peuvent plus exercer leur mission de prévention et de surveillance au sein de l'usine. Constitueraient-ils une gêne pour la direction dans le processus de désamiantage de l'usine ? Telle est la question que se posent les salariés justement. « Comme ça, on n'a plus de droit de regard sur le démantèlement, si tout se fait bien dans les normes. Ou encore vérifier si les personnes qui viennent sur le site sont bien équipées, avec un équipement de protection individuelle (EPI) », précise Dominique.

« C'est un délit d'entrave au fonctionnement du CHSCT. Il y a des choses qui dérangent », estimait Marie-Claude Moriau, déléguée centrale et d'ajouter : « On ne laissera rien passer ».

« Nous avons averti Boris Ravignon et Philippe Vuilque. Nous allons mettre toutes les chances de notre côté », indiquait un salarié.

Nous avons essayé de joindre un responsable d'Ideal Standard, afin d'avoir leur point de vue, sans succès.
Céline SOUHAMI


* Gaine de protection de câble électrique reliés à un câble pyrotechnique pour mesurer la température des fours.