vendredi 18 novembre 2011

Samsonite : on en parle aujourd'hui ... et qui en était propriétaire?

COMMENT SE DÉBARRASSER D’UNE USINE EN FRANCE 
A   BAS COUT ET A COUPS BAS
 
 
SAMSONITE doit fermer l’usine d’Hénin Beaumont le 30 juin 2005 par la volonté de BAIN CAPITAL, fonds de pension propriétaire.
SAMSONITE avait déjà licencié 100 personnes un an auparavant.
Pour éviter à nouveau de graves conflits, aucun dirigeant ne veut prendre la responsabilité de la fermeture.
Officiellement,  80 Millions de dollars sont provisionnés aux Etats-Unis pour la fermeture de l’usine d’Hénin Beaumont.
 
AUTRE SOLUTION : TROUVER UN  REPRENEUR
Coût qui va être démontré : 5 Millions d’euros, et surtout sans les inconvénients d’une fermeture et pour l’image de la marque.
 
 
 
I  - RECHERCHE DU REPRENEUR
 
C’est alors que l’usine d’Hénin Beaumont (unité de production de valises) fut mise en vente dans différents cabinets spécialisés dont celui de M. Maxime RONSAIN qui le présenta au cabinet d’avocats François FAUVET.
Cette reprise est proposée à Messieurs AUREL et SCHRICK qui créent la société ENERGY PLAST. Ils ont en projet la production de panneaux solaires en France avec un contrat de distribution de la société SOLAR WATT en Allemagne, en trois temps :
 d’abord vendre les panneaux solaires,
 les assembler sur place,
 produire dès que le marché français sera à maturité,  délai alors estimé à 2 années.
Une part de 20% du marché français est possible et permettrait l’emploi de 400 personnes.
 
Une première offre de Samsonite est refusée par Messieurs AUREL et SCHRICK, la charge de travail proposée pendant 18 mois est insuffisante, l’offre de reprise aussi.
Monsieur Olivier WALTER (ancien directeur financier de DELSEY) propose alors de combler le manque de charge de travail par la production de valises no name à partir de moules SAMSONITE et soumet un plan d’exploitation prévisionnel qui va assurer le maintien de l’exploitation de l’usine dans les délais impartis pour entreprendre une reconversion.
La  proposition de Monsieur Olivier WALTER est très étayée et est agréée par SAMSONITE qui en dernier ressort est l’expert indiscutable. La cession s’opère au 1er septembre 2005.
L’aide aux repreneurs est d’environ 9 millions d’euros mais qui sera en réalité 4 millions d’euros parce que  d’une part SAMSONITE bloque une partie de la somme (jusqu’à 24 mois), se rembourse immédiatement 1 million et d’autre part, parce que le cabinet FAUVET et  M. Olivier WALTER prélèvent, avant même la signature, des honoraires de 1 million d’euros à la surprise des repreneurs (au motif de ses honoraires, des honoraires d’avocats, et de la charge de travail complémentaire qu’il va apporter).
Ce prélèvement immédiat n’était absolument pas prévu dans le compte d’exploitation.
 
II - EXPLOITATION
  En fait, dès les premières semaines d’exploitation, la charge de travail promise par le compte d’exploitation validé par SAMSONITE n’existe pas.
La société WALCO,  présentée par M. Olivier WALTER (administrateur de cette société) ne passe pas les commandes prévues.
 Tout va se dégrader à partir de ce moment, plus de 100 personnes sur 200 sont au chômage technique, alors que ENERGY PLAST embauche plus de 15 personnes pour développer le solaire. En effet, le département photovoltaïque, contrairement à toutes allégations, arrivait à un chiffre d’affaires et des prévisions substantiels, des commandes étaient déjà obtenues, un parc solaire était installé devant l’usine (qui fut vandalisé), des achats avaient été passés pour approvisionner du silicium nécessaire à la fabrication des panneaux. Une chaîne d’assemblage fut installée (elle figure même dans le catalogue des ventes du matériel après la fermeture de l’usine).
[Une usine de fabrication de panneaux solaires qui emploie actuellement plusieurs centaines de personnes fonctionne très bien en Angleterre à partir d’un support plastique, ce qui devait être réalisé à Hénin Beaumont.]
C’est un manque de charge de travail dramatique pour l’usine de près de la moitié de sa capacité par rapport au prévisionnel approuvé par SAMSONITE.
Les repreneurs qui n’ont perçu qu’une aide de 4 millions d’euros, perdent 380 000 euros par mois malgré tous les efforts déployés pour donner du travail à l’usine de toutes les manières possibles. On peut imaginer très rapidement après 17 mois d’exploitation, où est passée l’aide aux repreneurs. Comment peut-il être reproché de ne pas avoir déployé la fabrication de panneaux solaires alors que l’aide à la reconversion passe tous les mois dans le manque cruel de charge de travail promis, (50% de chômage technique).
 
Il convient de faire courir comme information que cette aide ne peut être ailleurs que dans la poche des repreneurs. Tout va être mis en œuvre, en particulier avec les coups de butoir donnés par la CGT à la presse, qui vont bien servir SAMSONITE, créant ainsi un écran de fumée sur la vérité,  car il s’agit bien d’une opération d’essaimage et d’escamotage de la fermeture de l’usine.      
 
 
 
 
 III - LA FERMETURE
 
Au mois de janvier 2007, la situation était désastreuse.
Les manifestations étaient violentes, les camions bloqués, (l’usine produisait pour des sous-traitants divers, en particulier pour l’automobile, plasturgie…), les pneus brûlaient dans la cour de l’usine, (on comprend bien pourquoi SAMSONITE n’a pas voulu affronter ça).
Un médiateur est nommé par le Tribunal de Commerce, M. Régis VALLIOT. Il réunit salariés, syndicats, CGT, SAMSONITE, ENERGY PLAST sous l’égide du Sous-Préfet.
Il analyse rapidement la situation : conserver le site avec 80 personnes, c’est possible mais il supplie les syndicats de laisser sortir les camions sinon il n’y aura plus de crédibilité auprès des clients restants.
La CGT va consulter la base : refus, les camions resteront bloqués.
Le lendemain, le médiateur annonce que tout est perdu.
 
BAIN CAPITAL et la CGT aboutissent au même résultat : la fermeture
SAMSONITE était bien tranquille derrière l’écran de fumée provoqué par la CGT et relayé par la presse.
Le Président Directeur Général de SAMSONITE, M. BOTOLI, de nationalité italienne et résidant à Londres, est reçu par le Ministre du Travail, M. Gérard LARCHER, sous les ors de la République (les repreneurs sont les coupables) et retourne le soir même à Londres, au siège et on imagine très bien le coup de coude qu’il doit donner à son ami du fonds de pension (BAIN CAPITAL), se réjouissant de la belle opération qu’ils venaient de conclure.
Dès le lendemain de la fermeture, SAMSONITE réclame le remboursement des 1,8 M euros qui restent dans la caisse d’ENERGY PLAST (oui, la société arrête avec 1,8 M euros dans sa caisse au Crédit Mutuel) alors que la CGT, les médias ne cessent et ne cesseront jamais de crier que les repreneurs ont soustrait cette somme. Cet argent est là, bien là, bloqué par le repreneur et mis à la disposition du liquidateur. Il est en charge de cette somme et il pense que juridiquement SAMSONITE va obtenir gain de cause pour le récupérer.
 
 
 
IV - A QUI PROFITE L’OPERATION ?
 
Là, il convient de bien préciser les choses : quelques semaines après la cession de l’usine d’HENIN BEAUMONT, BAIN CAPITAL vend SAMSONITE (évidemment sans l’usine d’HENIN BEAUMONT) à un autre fonds de pension pour la somme de 1 millard 700 millions de dollars.
  Par un effet de levier, BAIN CAPITAL, le fonds de pension, a gagné à minima 50 millions d’euros sur cette opération et SAMSONITE est partie civile au procès !!!
  De leur côté, Olivier WALTER et le cabinet FAUVET ont gagné 1 million d’euros.
  SAMSONITE a évité tous les conflits sociaux et les frais de la fermeture de l’usine.
Dès la fermeture, SAMSONITE a immédiatement récupéré ses moules par voie judiciaire.
SAMSONITE a une usine en Inde qui fonctionne très bien.
 
A NOTER
C’est la même opération que METALEUROP avec une subtilité en plus. Le PDG de METALEUROP avait été recruté par petites annonces.
Là, c’est plus sophistiqué. Il suffit de faire croire que la reprise sera une  affaire viable pour les salariés et les repreneurs.
SAMSONITE a présenté le compte d’exploitation prévisionnel sans plus d’expertise et avec la plus grande légèreté au Comité d’Entreprise avec M. Olivier WALTER (qui d’autres que ces experts peuvent mieux connaître le marché de la bagagerie?). Le plan  présenté a de quoi rassurer les repreneurs ainsi que les salariés puisque le photovoltaïque devra se développer progressivement et  à moyen terme.
«  Ne vous inquiétez pas Messieurs les Repreneurs, nous sommes liés, nous ne vous abandonnerons jamais », c’est ce que disait SAMSONITE.
Les multinationales savent très bien se servir des lobbyistes et pour 80 Millions de dollars  peuvent faire l’histoire selon leurs souhaits.
 
 
 
ASPECT JUDICIAIRE
La chancellerie, les médias, la police, le tribunal, avec une fulgurance remarquable, citation directe, sans juge d’instruction, sans avocats.
Par quel miracle SAMSONITE s’est retrouvée partie civile…
Par quel miracle, le coupable est devenu la victime ? « On invite le pyromane à souffler sur les braises ».
Trois procureurs, pas moins, vont s'abattre comme la foudre :
Le premier, celui de la Chancellerie du Ministère Public,  s’adressera plus aux médias qu’au Tribunal et dans la nostalgie des sections spéciales va réclamer une sentence pour l’exemple.
Le second, Fiodor Rilov est là. Il était l’avocat des salariés mais comme les salariés ne sont pas Partie Civile (ce qui semble avoir échappé à tout le monde), par un artifice dont il a le secret, il s’invite à la curée au prétexte qu’il défend la Commune, (cette dernière n’était sans doute pas au courant que SAMSONITE avait pris la décision de fermer l’usine et que les repreneurs avaient en fait prolongé son activité pendant 14 mois). Alors on se demande ce qu’il fait là. Il a, LUI, la bienveillante écoute du Tribunal. Sans juge d’instruction, sans avocat, il est comme « un poisson dans l’eau ». Ca doit lui rappeler avec nostalgie les procès en Europe de l’Est dans les années cinquante. Il ne peut pas s’empêcher de mettre la tête d’un patron au bout d’une pique. Pourtant, au contraire de son confrère qui va suivre, c'est plus tard qu'il fera preuve d’un étonnant discernement en prenant de la hauteur sur le dossier et qu'il mettra en lumière les responsabilités de SAMSONITE.
Le troisième, M. Cateli, représente le liquidateur. Fondu de frustration, il veut être le Procureur en chef, ne parle que du passif, oublie totalement l'actif qu'il détient. Il est amnésique sur SAMSONITE et a totalement oublié que l’usine devait fermer en juin 2005, il n'aura pas la clairvoyance de son confrère Rilov.
 
                                                                                                    "La justice ça peut pas être la curée et n'importe quoi."
                                                                                                                                                               Le Juge Gilbert Thiel
 
Soyez tranquille Samsonite avec vos millions entassés, la justice est passée et Voltaire est mort deux fois en France.

jeudi 17 novembre 2011

La présence reconnue d'amiante change tout | L'Union


Revin (Ardennes). « L'affaire ne fait que commencer », déclare Me Brun. Le rapport final demandé par le CHSCT sur l'amiante sera présenté aujourd'hui. Pour les salariés, tout doit être renégocié.

«ON va tranquillement voir son médecin… Vous avez tous été exposés à l'amiante », conseille Me Brun, avocat des licenciés d'Ideal Standard International.
Le visage inquiet, une cinquantaine d'ex-Porcher, réunis hier en mairie de Revin, écoutent leur défenseur.
Cette réunion était destinée à leur expliquer ce qui va changer pour eux à la suite de la restitution du rapport final sur l'amiante effectué par le cabinet Technologia.
Ce rapport demandé par le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'entreprise était contesté par la direction.
Dans un arrêt en date du 18 octobre, la cour d'appel de Reims a reconnu le bien-fondé du CHSCT à mandater son propre cabinet d'expertise.
Les conclusions du rapport seront rendues, aujourd'hui, par les experts lors d'une réunion avec les membres du CHSCT, de la direction, de l'inspection du travail, de la caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT).
« Le rapport dit qu'il y avait de l'amiante partout. Dans les fours bien entendu, mais aussi dans la toiture, les plafonds, dans les bureaux, partout », explique Me Brun.
Conséquences pour les salariés ?
« D'abord, il s'agit d'un vrai problème de santé. Les salariés doivent prendre rendez-vous chez leur médecin pour faire tous les examens nécessaires.
Ensuite, cela va entraîner une vraie anxiété. Des fois, les maladies se déclenchent tente ans plus tard. Il y aura un préjudice d'anxiété. On va devoir demander réparation pour ce préjudice au conseil des prud'hommes.
Ensuite, on va demander à l'Etat de classer le site comme amianté. L'intérêt est que les salariés puissent bénéficier des prêts retraites amiante à partir de 50 ans. En effet, il ne faut pas que les salariés seniors subissent la double peine : le licenciement - avec, à leur âge, une quasi-impossibilité de se reclasser - et la maladie », poursuit Me Brun. « Les accords de licenciement ne sont plus valables »
Cette nouvelle donne entraînera aussi un bouleversement en termes de compensation.
« Ideal Standard croyait que l'affaire était close, mais elle ne fait que commencer », informe Me Brun.
« Le dossier du licenciement économique et du plan de sauvegarde de l'entreprise ne fait que débuter, car les transactions signées par chacun des salariés pour toucher la somme de 22.500 euros* ne sont pas valables. Chaque salarié retrouve le droit de contester le bien-fondé de son licenciement », poursuit Me Brun.
D'expliquer que, parallèlement, l'accord individuel signé entre l'employeur et chaque personne n'est pas valable, car il résulte d'un accord collectif des syndicats et non d'un accord individuel.
« On ne peut pas faire deux procédures sur le plan prud'homal, on est obligé de lier les deux affaires », explique Me Brun.
Dans cette vaste affaire, les salariés d'Oxame (ancienne fonderie Porcher fabriquant des baignoires) vont aussi rejoindre le combat.
« Notre combat commence avec les Oxame qui sont tous nos anciens collègues de Porcher, nous sommes décidés à aller jusqu'au bout », explique Marie-Claude Moriau, ancienne secrétaire du CE de Ideal Standard (ex-Porcher céramique, WC lavabo, gros grés et petit grés)
A.J.



* Les licenciés conserveraient toutefois le bénéfice de la prime de 22.500 euros.