jeudi 6 juin 2013

Les derniers jours de la tour Porcher

REVIN (Ardennes). Hier matin, la pelle à cisaille a entamé le gros œuvre, grignotant à chaque fois un peu plus de la tour Porcher. Il ne devrait rien en rester d'ici à la fin de semaine.

Des craquements résonnent. Autour du bâtiment, s'échappent quelques nuées de poussières.
Démarrée le 28 mai dernier (voir nos éditions du 29 mai) avec la destruction d'une partie en haut du bâtiment, la démolition de la tour Porcher a pris une tournure plus spectaculaire hier matin. L'impressionnante pelle à cisaille, telle une mâchoire mécanique géante a commencé le gros œuvre. Elle décortique minutieusement, petit à petit, la tour, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien.
Comme l'avait relevé lors du premier coup de pelle à cisaille, Benoît Marsaud, président d'Ideal Standard industries France, le préfet Pierre N'Gahane et le maire Alain Roy, avec la disparition de la tour Porcher, c'est un symbole qui s'en va : un pan de l'histoire industrielle de la ville.

L'occasion de jeter un p'tit coup d'œil dans le rétroviseur.
Si la tour à céramique a été vraisemblablement construite dans les années 50, l'entreprise Porcher, quant à elle, existe à Revin depuis beaucoup plus longtemps. Emile et André Porcher créent, en effet, la première usine de sanitaires française à Revin, dans le quartier de la Bouverie en 1886.

La gravité avait un rôle dans le process

L'on retrouve traces de la tour, dans un article de L'Ardennais paru le 20 septembre 1960 relatant les travaux entrepris pour la création d'une nouvelle fonderie : « L'atelier de préparation des émaux disparaîtra pour prendre place dans la tour de sept étages en voie d'achèvement. »

La tour comptait en fait six étages, sans prendre en compte le local du monte-charge.
D'après des témoignages d'anciens ouvriers, le fonctionnement des ateliers à l'intérieur était pensé en lien avec la gravité. Les éléments étaient stockés et triés au dernier étage. Ils subissaient ensuite dans les étages inférieurs les diverses transformations, jusqu'à être réduits en poudre pour obtenir la céramique nécessaire à la fabrication des appareils sanitaires. « À chaque étage, il y avait un processus de fabrication différent. La gravité était utilisée pour faire descendre les produits », confirmait Benoît Marsaud. Hier après-midi, l'inscription « Porcher » était encore visible depuis la rue Pasteur, en haut du pont de la Bouverie, mais elle ne le sera plus pour très longtemps, a priori. La démolition de la tour devrait en principe s'achever en fin de semaine.


Céline SOUHAMI