dimanche 24 avril 2011

Porcher / La « bataille de l'amiante » démarre | L'Union

REVIN (Ardennes) L'usine a fermé mais pour autant le combat des « Porcher » n'est pas terminé. Avec l'aide de Me Brun, ils essaient de faire reconnaître l'exposition à l'amiante. Deux ouvriers ont déjà porté leur cas devant le tribunal.
«POUR moi, une page s'est tournée mais le livre n'est pas fermé », lance Régis Depaix. Représentant syndical central et secrétaire du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) chez Ideal Standard, il sous-entend par là que la lutte n'est pas encore tout à fait terminée. En effet, les représentants syndicaux avec l'aide de l'avocat Me Philippe Brun s'attaquent maintenant à un autre volet : celui de la santé des ouvriers. Et plus particulièrement des problèmes d'amiante.
Un premier cabinet d'expertise, Socotec, a été mandaté par la direction avec l'accord du CHSCT pour réaliser des prélèvements. Mais le CHSCT a souhaité pousser plus loin les analyses en mandatant un autre cabinet. Une requête qui a été rejetée par la direction.
« Deux salariés ont été identifiés et reconnus comme atteints d'une maladie professionnelle suite à l'exposition à l'amiante dans l'usine. C'est une faute inexcusable de l'employeur », confiait Régis Depaix.
Car même s'il y a eu une campagne de désamiantage il y a quelques années, les salariés revinois d'Ideal Standard sont formels : nombre de leurs outils de travail contiennent encore cette fibre potentiellement cancérigène.

« De l'amiante dans les gaines d'aération »

« Dans les wagons, il y a des plaques d'amiante. Entre les parois des fours, il y a des plaques d'amiante. Dans certains joints des brûleurs, il y a des plaques d'amiante. Et dans les gaines d'aération et de chauffage, il y a de l'amiante », atteste un salarié.
Me Philippe Brun, l'avocat rémois représentant l'intersyndicale, a naturellement été saisi du dossier et d'engager un nouveau bras de fer avec la direction sur ce point : « Avec la problématique de l'amiante, il ne faudrait pas que les ouvriers subissent la double peine. Nous travaillons actuellement sur cette reconnaissance car elle permettrait de gagner des années de retraite pour les ouvriers. C'est pourquoi nous en appelons au sens des responsabilités de la direction, des pouvoirs publics pour que la reconnaissance de l'exposition à l'amiante soit facilitée. »
Un problème qui existe apparemment depuis plusieurs années déjà. Et le cas des deux salariés (lire ci-dessous) identifiés doit justement passer au tribunal des affaires sociales de Charleville-Mézières le 24 mai prochain.
Céline SOUHAMI

Jean-Yves Malouli, victime de l'amiante | L'Union

Jean-Yves Malouli est salarié chez Porcher devenu Ideal Standard, depuis 1973.
Il a débuté comme cariste avant de petit à petit gagner en grade et devenir agent de maîtrise à la fonte. « J'ai travaillé entre-temps à la fonte, l'émaillage, au moulage, à la conception céramique », précise-t-il.
En 2004-2005, Jean-Yves Malouli passe un scanner.
Les médecins détectent une anomalie. Il passe alors une biopsie afin d'affiner le diagnostic. « Il s'est avéré que j'ai été exposé à de l'amiante alors que je passais régulièrement des radios ici et ils n'ont jamais rien vu ! », raconte, colère, Jean-Yves Malouli.
Sa maladie est alors reconnue comme maladie professionnelle par l'inspection du travail. « J'ai travaillé avec de l'amiante même si cela ne rentre pas dans le concept de production. Il y a eu une conciliation à l'amiable en 2006 mais elle n'a abouti à rien et donc nous sommes allés en justice. »
Fin mars, le dossier aurait dû passer en jugement mais les avocats de la direction ont réussi à obtenir l'ajournement et l'audience a été reportée au 24 mai prochain.
C'est à cette date, en principe, que les deux salariés « Porcher » qui ont été exposés à l'amiante sauront si leur dossier a été pris en compte ou non.

samedi 23 avril 2011

Colère et peine | L'Union

• Marie-Claude Moriau, représentante de l'intersyndicale Ideal Standard : « Pour moi, syndicalement, c'est un échec. Nous avons fait ce qu'il fallait pour que les gens partent la tête haute et puissent se reconstruire ailleurs.
Mais syndicalement, c'est un échec. J'aurais voulu sauver l'emploi. Merci à tout le monde d'être venu nous soutenir ».

• Jacky Sarazin, secrétaire de la section PCF de Revin : « Je suis en colère, pour les salariés, pour Revin, pour toute la population, pour le bassin d'emploi qui voit disparaître 150 emplois. Ce n'est pas parce que les ouvriers vont avoir des primes que cela est satisfaisant, parce que d'ici quelques années, qui va leur donner un emploi ? C'est le résultat d'une politique ultralibérale, qui vide de sa substance la technologie et le savoir-faire de notre bassin. C'est comme s'ils étaient venus donner l'aumône avant de partir et d'aller faire du profit ailleurs, dans des pays à bas coûts ! ».

• Lysian Fagis, syndicaliste CFDT Electrolux : « C'est un échec cuisant honteux et phénoménal. C'est une victoire pour personne, surtout pas pour les syndicats, ni pour la ville. Si victoire il doit il y avoir, c'est celle du groupe Ideal Standard ».
• Bernard Dahout, ancien maire de Revin : « Je suis bien triste. Je pleure avec les ex-Porcher. Mme Moriau a fait un discours digne. C'est toute une histoire à Revin qui s'en va. Avant un mouleur trouvait du travail où il voulait. Aujourd'hui, ce n'est plus pareil. Le pognon des capitalistes, ils ne se rendent pas compte du mal qu'ils font ».

• Christian Deschamps, syndicaliste CGT SN Oxame : « C'est une grande victoire pour les patrons malheureusement. Il y aura de la casse dans six à sept mois et un retour de bâton car certains ouvriers, vus l'âge auront du mal à retrouver du travail. Aujourd'hui, je suis aussi très peiné par la perte d'un très grand syndicaliste André Nivelet.
Il était un exemple pour tout le monde, de par les nombreux combats qu'il a mené et gagné. Une pensée également pour Claude Mleczak, Jacky Mougenot ».

• Michel Philippe, salarié Porcher et maire d'Anchamps : « C'est un enterrement industriel. Je présente mes sincères condoléances à une activité qui disparaît. Une somme d'argent, cela reste éphémère. Dans trois, cinq ans, il n'en restera plus rien. Il faut que les élus se mobilisent pour l'emploi ».

• Me Philippe Brun, avocat des salariés : « Au-delà du gâchis économique (lire par ailleurs, NDLR), il faut convenir que sur le plan humain, le plan social qui a été négocié est de qualité. Mais il ne faut pas se faire d'illusion : à moyen terme, deux ou trois ans, ce sera très bien si la moitié des salariés a retrouvé un emploi. Une autre bataille commence par ailleurs. Il faut que l'usine soit classée « amiante » pour anticiper les éventuels problèmes de santé que risquent d'affronter les « futurs anciens salariés ». Et leur permettre de bénéficier des dispositifs et indemnités nécessaires. Ideal Standard refuse, pour l'instant, que nous réalisions une expertise via le CHSCT… »

• Dominique Ruelle, conseillère générale (PS) :
« On ressent évidemment beaucoup d'émotion. Une page se tourne, sans que l'on sache très bien encore qui et comment sera écrite la suivante… Il y a beaucoup d'incertitudes, même si l'on travaille au devenir du site (NDLR : au niveau du groupe qui doit assumer ses responsabilités comme l'a rappelé récemment le préfet, en terme de dépollution comme d'activité future, de l'Etat, des collectivités).

Arrêt de la production à Idéal Standard : "Fidèles jusqu'au bout" (source le Progrès du 23/04/2010)

Idéal Standard à Dole : depuis hier, c'est fini (source le Progrès du 23/04/2010)

mercredi 20 avril 2011

Ideal Standard / Ultime manif vendredi | L'Union

REVIN (Ardennes). L'ancienne usine Porcher, aujourd'hui Ideal Standard, connaît ses toutes dernières heures. L'enterrement aura lieu vendredi matin. L'intersyndicale lance un dernier appel à la mobilisation des Revinois.
«CE cercueil, c'est le symbole de nos années de travail. Il contient notre histoire. Nous le brûlerons le jour où nous fermerons définitivement nos grilles. Et j'espère que de ces cendres, la flamme de notre lutte pour l'emploi ne s'éteindra jamais », déclarait Marie-Claude Moriau, représentante de l'intersyndicale lors de l'opération « Revin ville morte », qui avait suivi l'annonce du projet de fermeture des sites Ideal Standard de Revin et de Dole (voir nos éditions du 29 janvier).
Et ce malheureux jour, c'est vendredi. À l'instar de la première mobilisation, ce sera à nouveau une journée tout en symboles pour la mort d'une usine symbole, d'un patrimoine industriel, mais aussi historique. Vendredi, Revin dira adieu à « Porcher ».

« Le cœur n'y est plus »


L'enterrement est prévu pour 10 h 30 devant les portes de l'usine d'Ideal Standard. Comme annoncé, le cercueil sera brûlé, les 148 croix représentant tous les services de l'entreprise seront également mises au bûcher, tout comme le pendu incarnant l'emploi assassiné.
« À toutes celles et ceux qui nous ont soutenus lors de notre première manifestation, nous donnons rendez-vous vendredi matin, pour se joindre à nous », fait savoir Marie-Claude Moriau.
Un dernier appel pour un dernier jour ensemble. Car ce sera bien la dernière fois que tous les ouvriers se retrouveront dans leur usine. Après… Après, c'est un deuil long et difficile qui les attend. C'est pourquoi, au terme de cette ultime action, ils resteront un moment entre eux pour se dire au revoir.
En attendant, à trois jours de la fermeture, les ouvriers vivent ces dernières heures avec une certaine et naturelle appréhension. « Ils voient arriver l'échéance. Alors forcément, le cœur n'y est plus », confie Marie-Claude Moriau.

Céline SOUHAMI

Ideal Standard, vers un coupon de plus de 10%? | OBLIS

Ideal Standard annonce sur son site internet le lancement d’un emprunt obligataire d’une taille de 250 millions d’euros. L’obligation a une durée de 7 ans. Les conditions de l’opération ne sont pas encore connues à l’heure d’écrire ces lignes. Malgré tout, plusieurs sources de marché indiquent que le coupon de l’obligation devrait être supérieur à 10%.
Le prix d’émission de l’obligation n’est pas encore fixé. Difficile dès lors de connaître le rendement à l’émission, et la prime offerte par rappport aux taux des midswap. Malgré tout celle-ci doit tenir compte du profil financier de l’entreprise, et de sa notation financière.
Ideal Standard est un emprunteur noté dans la catégorie « haut rendement ». Moody’s note ainsi l’émission obligataire Caa1. Le risque est donc substantiel. La perspective associée à la note est stable.
Par cette opération, Ideal Standard entend lever des fonds destinés à refinancer des emprunts existants.
Ideal Standard est un fournisseur de produits pour la salle de bain en Europe (robinetteries, baignoire, …). L’entreprise est présente dans plus de 20 pays, sous différentes marques comme Ideal Standard, Armitage Shanks, JADO, Porcher, Ceramica Dolomite ou encore Vidima.