mercredi 29 janvier 2014

Porcher, le difficile retour à l’emploi

REVIN (08). Il y a deux ans, l’usine numéro 1 de fabrication de sanitaires fermait ses portes. Aujourd’hui, certains ont réussi leur reconversion tandis que d’autres cherchent toujours un travail.

La fonderie Porcher, ce colosse aux pieds d’argile, est inscrite depuis des années dans la vie des Revinois. De génération en génération, des grands-pères aux petits-fils, tous se sont succédé au sein de cette usine. Mais tout ça s’est terminé au mois de mai 2011. L’usine Porcher qui faisait partie intégrante de la vie locale a fait ses bagages pour la République Tchèque et l’Italie, afin de maximiser son profit. Et pourtant à Revin, elle fait encore couler beaucoup d’encre et continue à faire parler d’elle aujourd’hui.

Les ouvriers, qui avaient moins de 50 ans au moment de la fermeture de l’entreprise, sont en fin de droit, cette année. Tandis que les derniers ayants droit pourront en bénéficier, jusqu’en 2016. Vendredi, ils seront fixés sur la suite donnée à leur procès contre l’usine pour la présence d’amiante et sur leur recours auprès des prud’hommes. Lancés à la fermeture de l’entreprise, ces recours en justice comportaient cinq chefs d’accusation.

Entreprise familiale

Parmi la centaine de salariés, certains ont réussi leur reconversion tandis que d’autres cherchent encore du travail. « Une quarantaine a retrouvé un emploi, une trentaine est en CDI et le reste se trouve en intérim ou sous contrat à durée déterminée », souligne James Thierry  ancien responsable de la cellule de reclassement de l’usine. Lui, fait partie de ceux qui cherchent encore du travail. Il se souvient : « L’entreprise était familiale. Mon grand-père et mon père y avaient travaillé quand j’y suis arrivé en 1974. » Licencié en septembre 2012 de chez Porcher, il trouvera un emploi d’un mois dans une entreprise de chaudronnerie avant d’effectuer un stage de procédure de soudage et de lecture de plan pour se remettre à niveau. Inscrit dans une agence d’intérim, celui-ci cherche toujours un emploi. Un peu dépité, il confie : « Je trouve soit des emplois mal payés à plusieurs kilomètres de ma maison à Revin, soit des jobs où les compétences ne sont pas reconnues à leur juste valeur. Les entreprises veulent des professionnels au même prix que des jeunes débutants. »

D’autres ont retrouvé du travail assez rapidement. C’est le cas de Michel Philippe, maire d’Anchamps, qui a exercé à Porcher pendant 22 ans. Licencié en avril 2011, il part travailler dans une usine de carrelage dans le Nord, avant de rejoindre l’entreprise Godin de fabrication d’émaux à Guise dans l’Aisne. « Je n’ai pas adhéré au plan de reclassement car je ne trouvais pas de travail », se souvient-il. Et d’ajouter : « Les gens du village qui travaillaient chez Porcher se sont pour la plupart reconvertis. »

Yves Riblet a, lui, travaillé chez Porcher, pendant 33 ans. Il se souvient : « Après mon service obligatoire, les patrons étaient obligés de reprendre les militaires et j’ai fait partie de la nouvelle équipe. C’était Germinal, là-bas, on ne roulait vraiment pas sur l’or. J’ai connu de bons moments avec les collègues mais les dix dernières années ont été très difficiles ». Et d’ajouter : « Les tâches n’étaient pas très valorisantes, fallait toujours être plus rentable mais l’entreprise nous permettait de vivre. » Il a réussi sa reconversion dans la fabrication de jouets pour enfants. Celui-ci est devenu auto-entrepreneur chez lui à Anchamps. « Amoureux du bois, j’avais déjà un CAP de modeleur sur bois, en poche. J’ai donc passé un stage dans le Jura pendant mon congé de reclassement et rencontré un créateur d’entreprise. Puis, j’ai acheté une franchise et déposé un brevet pour exercer avant de me lancer sur le marché. »

Même si la majorité des anciens ouvriers se trouve encore confrontée à la difficulté de trouver un emploi, certains ont tout de même réussi à rebondir.

Par Gaelle LIOT

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